Les Directives sont mises à jour annuellement en fonction des nouvelles connaissances acquises et des résultats de la recherche. La dernière édition du cahier des charges est à votre disposition au siège de l’association.
I. AVANT LA PLANTATION
a) Dévitalisation
La désinfection chimique du sol est strictement interdite. Sur les parcelles présentant des symptômes de viroses (court noué) une dévitalisation des souches est préconisée. L’application du produit est uniquement autorisé par badigeonnage afin d’éviter les risques de dérive qui peuvent entraîner des phytotoxicités sur les parcelles voisines ainsi que des risques pour l’environnement.
b) Préparation des sols
Les souches arrachées doivent être détruites ou stockées à l’abri et hors zone viticole afin d’éviter les contaminations dûes aux maladies du bois. Lors de la replantation une réflexion doit être menée concernant la lutte contre l’érosion et la pollution des eaux. Avant replantation une analyse de sol doit obligatoirement être effectuée.
d) Correction de fond
Les fumures de fond sont réalisées selon les résultats des analyses de sol. Les viticulteurs sont tenus de respecter les limites maximales établies par la commission viticulture. L’épandage de fumier, compost, engrais azoté est interdit sur sol nu (fuite des nitrates). L’apport de chaux (rectification du pH) n’est pas réglementé toutefois les apports doivent être enregistrés dans le cahier.
II. PLANTATION
La replantation pourra être effectuée au plus tôt 1 an après arrachage de l’ancienne parcelle. Un enherbement intermédiaire (entre l’arrachage et la replantation de vigne) est obligatoire. Les plants de vigne doivent être certifiés indemnes de viroses. En cas de sélection massale, les certificats sanitaires de contrôle virologique (court-noué) sont produits pour les greffons.
III. MODE DE CONDUITE
Le vigneron doit se référer aux règles régissant l’AOC. Il doit tout de même opter pour un mode de conduite offrant un bon compromis entre production qualitative, rentabilité et adaptation aux techniques respectueuses de l’environnement.
IV. FERTILISATION D’ENTRETIEN
La philosophie est de nourrir le sol et non la plante. La fertilisation privilégiera les apports par compost ou par engrais organiques. En entretien des doses maximales doivent être respectées. L’apport de matières fertilisantes est réduit au strict nécessaire afin de favoriser la qualité de la vendange, l’état sanitaire de la plante et les réserves organiques et minérales du sol. La pollution des eaux souterraines par les engrais doit être évitée. Sont recommandés les apports de matières organiques respectant les normes du « label écologique communautaire » (JO CE du 28 août 2001 Annexe). Pour les apports massifs, il est obligatoire de fractionner les apports sur plusieurs années sans dépasser les 20 tonnes/ha/an afin d’éviter des excès d’azote. Les matières organiques peuvent être épandues de la mi octobre à la mi mars.
Les engrais chimiques ou pseudo organiques sont tolérés dans certaines proportions et à certaines époques. En cas de carence les apports se feront prioritairement par voie racinaire.
L’épandage des engrais azotés doit se faire en respectant la directive nitrate en vigueur. La dose maximale autorisée est de 50 kg/ha/an d’azote en tenant compte des apports organiques. La décision de pratiquer un apport est guidée par l’aspect de la végétation. La forme organique sera toujours privilégiée par rapport à la forme chimique. Pour chaque type de produit des dates d’apport doivent être respectées.
V. ENTRETIEN DU SOL
Il est fortement recommandé d’installer un enherbement dès que cela est techniquement possible. L’enherbement total ou partiel est souhaitable. L’utilisation d’herbicides foliaires est réservée à l’entretien du sol sous le rang. Les herbicides de pré levé sont interdits. La présence d’une couverture herbeuse hivernale est obligatoire afin de limiter les fuites de nitrates et produits phytosanitaires vers les cours d’eau.
VII. PROTECTION PHYTOSANITAIRE
La protection phytosanitaire est basée en premier lieu sur des méthodes prophylactiques et des aménagements qui permettent de bénéficier de l’action des auxiliaires naturellement présents au vignoble. Le vigneron doit observer régulièrement l’état sanitaire de ses parcelles. Des produits phytosanitaires sont utilisés, en choisissant les produits les plus sélectifs, les moins toxiques, aussi neutres que possible vis-à-vis de l’Homme, des auxiliaires et de l’environnement. Tous les moyens biologiques sont préconisés avec une utilisation en recours de produits phytosanitaires choisis selon leur influence sur l’environnement.
a) Ravageurs et Auxiliaires
1. Acariens rouges et jaunes, acariose.
On considère que dans les vignes en place les auxiliaires sont assez nombreux pour maîtriser les populations d’acariens. Toutefois sur les jeunes vignes une intervention peut se justifier. L’utilisation d’acaricides chimique n’est autorisée qu’en cas de problème sérieux.
2. Vers de la grappe.
Il est important de faire des observations de terrain (piégeages, observations des pontes et perforations,…) afin d’évaluer les risques.
3. Les auxiliaires
Les auxiliaires doivent être protégés par un choix des produits inoffensifs ou peu toxiques à leur égard.
4. Ravageurs secondaires
L’utilisation raisonnée de produits doit permettre à terme de baisser leur population grâce à l’émergence de parasites naturels qui étaient jusqu’à présent détruits.
b) Les maladies cryptogamiques
1. Mildiou et oïdium
Ces maladies sont traitées de manière préventive. Respect de la note nationale mildiou concernant la gestion des résistances de certains produits envers cette maladie. La dose de cuivre est limitée à 3 kg/ha/an (pollution des sols). La dose de soufre est limitée à 50 kg/ha/an, et le nombre de poudrage est limité à 1 avec une dose maxi de 25 kg/ha (effet dépressif sur les auxiliaires).
2. Brenner
Les traitements préventifs sont tolérés uniquement sur parcelles sensibles. L’utilisation d’IBS contre le brenner est proscrite.
3. Botrytis
Pour limiter les attaques chaque viticulteur devra mettre en œuvre des méthodes préventives indirectes : limitation de la vigueur, limitation de la fumure azotée, aération du feuillage, contrôle des vers de la grappe et de l’oïdium. Les traitements anti botrytis spécifiques sont interdits.
c) Maladies du bois
1. Esca et Eutypiose.
Aucun traitement curatif n’est homologué, toutes les méthodes préventives doivent être mises en œuvre (taille tardive, protection des plaies de taille, arracher et brûler les souches malades ou mortes, …).
2. Excoriose.
Traitement limité aux parcelles sensibles.
d) Derniers traitements
Le risque de résidus aux vendanges doit être minimisé notamment en évitant l’utilisation tardive de produits phytosanitaires. Les délais de traitements avant récolte doivent être respectés. En l’absence de restriction particulière, les derniers traitements seront réalisés au plus tard 30 jours avant récolte.
e) Choix des produits de traitements
Les produits de traitements ont été sélectionnés grâce aux critères suivants : Toxicité vis-à-vis de l’Homme, risque de pollution des eaux de surfaces et souterraines, Ecotoxicité, toxicité vis-à-vis des auxiliaires, persistance et risque de résidus, efficacité principale et secondaire. L’association Tyflo a mis en place un principe de précaution : les nouveaux produits ne seront pas autorisés leur première année de mise sur le marché. Le mélange des produits doit se faire en accord avec la législation.
VIII. QUALITE DES TRAITEMENTS
L’association organise régulièrement des contrôles de pulvérisateurs (volontaires) en attendant qu’ils deviennent obligatoires.
a) Préparation de la bouillie
Le volume d’eau/ha doit être adapté au stade phénologique. La quantité de bouillie est calculée au plus juste afin de limiter les reliquats.
b) Stockage des produits phytosanitaires
Le stockage des produits de traitement doit se faire en accord avec la réglementation.
c) Protection de l’opérateur.
Le manipulateur devra porter des protections appropriées à chaque stade de manipulation.
d) Renouvellement du matériel.
En cas de renouvellement du pulvérisateur, celui ci devra être équipé d’un puit d’aspiration, d’une cuve de rinçage, ainsi que d’un bidon d’eau claire permettant à l’opérateur de se rincer rapidement en cas de nécessité.
e) Gestion des déchets de pulvérisation
La dilution du fond de cuve et le rinçage du circuit doit si possible se faire à la parcelle. Les emballages vides de produits phytosanitaires doivent être rincés et évacués vers un système de collecte adapté (type Adivalor). Il en est de même pour les produits phytosanitaires non utilisés ou périmés.
IX. ENTRETIEN DE LA VIGNE
a) Palissage, ébourgeonnage, épamprage.
L’ébourgeonnage de la tête de saule est conseillé. Le palissage doit favoriser une bonne exposition des feuilles, et le plan de palissage devra être complet avec un minimum de vide. Les ficelles de palissage devront être déposées au centre de tri. L’épamprage chimique est interdit.
b) Effeuillage
La pratique de l’effeuillage est recommandée (stades fermeture de la grappe et mi véraison).
c) Eclaircissage
La première intervention doit être la suppression des doubles yeux. En cas de surcharge du pied de vigne on supprimera des raisins. L’éclaircissage et l’égrappillonnage chimiques sont interdits.
d) Les bois de taille
Le bois de taille reste dans la parcelle et constitue un apport de matière organique. Il contribue au maintien du taux d’humus dans le sol. Les bois et sarments des ceps atteints de maladies du bois doivent être sortis de la parcelle ou brûlés afin d’éviter les contaminations.
X. QUALITE DU PAYSAGE
L’un des points majeurs de la production intégrée est la préservation de l’environnement viticole, de son habitat et de sa faune sauvage.
Outre le rôle esthétique, les parties non travaillées du vignoble (talus, haies) jouent un rôle de compensation écologique pour les auxiliaires. Les lisières, les abords enherbés des parcelles, la diversité des espèces botaniques, les friches, les murs de pierres et les zones de décombres ou d’éboulis constituent des « niches écologiques ». Celles ci doivent être entretenues mécaniquement en dehors des périodes de floraison. L’association organise annuellement une journée de plantation d’arbres afin de participer à la diversité du paysage viticole alsacien.
XI. TRACABILITE ET QUALITE DES RAISINS
Il est fortement recommandé de faire des contrôles de maturité en ne tenant pas seulement compte de la teneur en sucre mais également de l’acidité totale, du pH voire d’autres paramètres. L’obligation est faite à chaque membre de Tyflo d’enregistrer ses pratiques viticoles. Il s’engage à noter le détail de l’utilisation de tout intrant, et interventions au vignoble. Il s’engage à conserver les résultats d’analyses de sols, les factures d’achat des intrants, ainsi que les incidents survenus et les actions correctives mises en place. Ces enregistrements permettent d’établir une traçabilité de la vigne jusqu’au raisin.